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Non ! Le téléphone mobile des adolescents n'est pas leur "doudou" !

Il est devenu habituel, dans les conversations ou dans les journaux, d’entendre assimiler l’usage que les adolescents font de leur téléphone mobile à celui d’un « doudou », et un article récent du Monde a encore surfé sur cette analogie. Cette comparaison est non seulement fausse, mais infantilisante, pour ne pas dire insultante.

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Un support d’information, d’expression, et d’identité

Tout d’abord, la grande majorité des adolescents ne sont pas plus « accros » à leur téléphone mobile que bien des adultes qui l’utilisent en réunion, au cinéma, sans parler de tous ceux qui, dans les lieux publics, s’en servent en tournant la tête, voir en cachant leurs yeux, dans une illustration littérale de l’attitude de l’autruche qui confond le fait de ne pas voir avec celui de ne pas être vue, ou plutôt, ici, entendu ! Mais surtout, le mot « doudou », qui renvoie au jeune enfant et à sa peluche censée remplacer son adulte de référence, cache l’essentiel. Le téléphone mobile n’est pas un objet destiné à se substituer à la « maman » dans une régression vers des modes de relation infantile au monde. C’est bien au contraire un outil d’information et d’expression utilisé pour échapper au contrôle des représentants institutionnels adultes, à commencer par les parents. C’est pourquoi il fait si peur, et voila bien ce que le mot de « doudou » vise à cacher ! Bien sûr, les adultes qui pensent que les jeunes ont avec leur téléphone mobile une relation différente d’eux-mêmes ont raison : pour eux, le téléphone mobile n’est pas seulement un outil d’information et d’expression, mais aussi un espace de construction identitaire. A l’adolescence, tout change en effet incroyablement vite : le corps, les émotions, les centres d’intérêt… à tel point que l’identité, contrainte de s’adapter en permanence à ces multiples bouleversements, est particulièrement fragile. L’ensemble des documents intimes que l’adolescent stocke dans son téléphone est alors chargé d’assurer la stabilité qui lui fait défaut dans sa subjectivité.

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Retourner dans la pataugeoire

Mais l’essentiel est ailleurs : les adolescents d’aujourd’hui, bien plus que ceux d’hier et probablement bien moins que ceux de demain, cherchent leurs repères de plus en plus tôt en dehors de leur groupe familial. Du coup, le mobile devient l’outil privilégié avec lequel ils se projettent non seulement dans un autre espace que celui de leur famille, mais aussi dans un autre temps, celui d’un monde interconnecté en permanence dans lequel ils anticipent d’être engagés bientôt. Un monde dans lequel ce n’est pas la proximité physique qui détermine l’intensité et l’authenticité de la relation, mais la force des centres d’intérêt partagés. C’est pourquoi enlever son téléphone mobile à un adolescent est comme lui arracher une partie de lui-même. Sa colère ressemble, bien sûr, à celle d’un tout petit auquel on enlèverait son doudou, mais la comparaison s’arrête là car les raisons sont exactement opposées. Dans le cas de l’enfant, c’est une façon – bien maladroite ! – de lui montrer qu’il doit grandir, et il répond en général en hurlant pour faire comprendre qu’il a besoin d’encore un peu de temps. Au contraire, enlever son téléphone mobile à un adolescent revient à le priver de l’interconnexion avec ses pairs et des innombrables informations de la toile, et à le mettre en situation de n’être soumis qu’à la seule influence directe des adultes qui l’entourent, exactement comme un bébé ! Dans un cas, c’est demander au jeune enfant de plonger sans bouée alors qu’il n’a pas encore appris à nager ; dans l’autre, c’est obliger l’adolescent à renoncer à son tuba et à ses palmes et à retourner dans la pataugeoire.

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Une manifestation de souffrance psychique

Ajoutons à cela que les adolescents les plus attachés à leur téléphone mobile sont habituellement ceux qui se vivent dans la plus grande insécurité psychologique : l’utilisation excessive du téléphone mobile est souvent l’expression d’un sentiment de solitude et d’abandon intolérables. Bien sûr, certains jeunes s’imaginent plus seuls qu’ils ne sont en réalité, mais il ne faut pas sous estimer le fait qu’il existe des adolescents réellement victimes de négligence de la part de leur famille : leurs parents sont si occupés dans leur vie sociale, ou dans leur tête, qu’ils les abandonnent à eux-mêmes. Un adolescent privé de repères gratifiants dans sa vie quotidienne, et qui cherche désespérément à s’en créer à travers les mondes virtuels ne peut évidemment que réagir avec une extrême violence à toute confiscation de l’outil dans lequel il voit justement son salut. Les limites ne sont structurantes que si l’adulte montre d’abord sa compréhension des angoisses dans lesquelles le jeune se débat. C’est de rétablir la confiance avec l’adulte dont il s’agit principalement, notamment quand les parents ne sont plus perçus comme des interlocuteurs plausibles.

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Une révolution numérique qui ne fait que commencer

L’utilisation du mot de « doudou » par les adultes, on le voit, n’est rien d’autre qu’un symptôme de l’incompréhension grave que beaucoup d’entre eux entretiennent vis-à-vis des pratiques adolescentes. Ils voient la régression là où se place au contraire le désir d’avancer, et le repli sur soi là où il s’agit au contraire de s’interconnecter. Le risque de quiproquo est complet. Et ce quiproquo est d’autant plus grave que la révolution numérique ne fait que commencer. Il faudra bien que les enseignants s’habituent à la possibilité de faire travailler les élèves avec leur téléphone mobile. D’ailleurs, certains le font déjà, et c’est évidemment ceux qui ont renoncé à y voir un « doudou » ! D’autant plus que les enfants qui vivent aujourd’hui en intimité avec leur téléphone mobile seront tout naturellement des adultes qui vivront de la même manière demain … et qui ne pourront d’ailleurs guère faire autrement ! Sauf à renoncer à à l’information, à la culture, aux liens communautaires, et même aux applications qui leur permettront de gérer leur propre santé en ligne.

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Posté par Serge Tisseron le 8 janvier 2013.

http://www.sergetisseron.com

Hey Managers !

Que vous dit

Facebook ?

On peut feindre d'avoir du cœur,

pas d'avoir de l'esprit.

(Paul Morand)

Le temps

s'apprend

 

Pour apprendre la valeur d'une année,

demande à l'étudiant qui a raté un examen.

 

Pour apprendre la valeur d'un mois,

demande à la mère qui a mis un enfant au monde trop tôt.

 

Pour apprendre la valeur d'une semaine,

demande à l'éditeur d'un journal hebdomadaire.

 

Pour apprendre la valeur d'une heure,

demande aux fiancés qui attendent de se revoir.

 

Pour apprendre la valeur d'une minute,

demande à celui qui a raté son train, son bus ou son avion.

 

Pour apprendre la valeur d'une seconde,

demande à celui qui a perdu quelqu'un dans un accident.

 

Pour apprendre la valeur d'une milliseconde,

demande à celui qui a gagné une médaille d'argent aux Jeux Olympiques.

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Le regret qu'ont les hommes du mauvais emploi du temps qu'ils ont déjà vécu ne les conduit pas toujours à faire de celui qui leur reste à vivre un meilleur usage.(La Bruyère)

Le passé éclaire le présent, comme l'avenir écrit le passé …

 

 

Pourquoi la distance standard entre 2 rails de chemin de fer au Canada est-elle de 4 pieds et 8 pouces et demi (1,435m) ?

 

Parce que les chemins de fer canadiens ont été construits sur le même modèle que les chemins de fer des Etats-Unis pour faciliter le transport des marchandises d'un pays à l'autre.

 

Alors, pourquoi les chemins de fer des Etats-Unis ont-ils été construits avec un écartement de 4 pieds et 8 pouces et demi ?

 

Parce qu'ils ont été construits de la même façon qu'en Angleterre, par des ingénieurs anglais expatriés, qui ont pensé que c'était une bonne idée car ça permettait d'utiliser des locomotives anglaises sur les voies ferrées américaines.

 

Alors pourquoi les anglais ont-ils construit leurs chemins de fer avec un écartement de 4 pieds et 8 pouces et demi ?

 

Parce que les premières lignes de chemin de fer furent en fait construites par les mêmes ingénieurs qui construisirent les tramways, et que cet écartement était alors utilisé pour les tramways.

 

Mais alors, pourquoi ont-ils utilisé cet écartement pour les tramways ?

 

Parce que les premières personnes qui construisirent les tramways étaient aussi celles qui construisaient les chariots et qu'ils ont utilisé les mêmes méthodes et les mêmes outils.

 

Alors pourquoi les chariots avaient-ils un écartement de 4 pieds et 8 pouces et demi ?

 

Parce que partout en Europe et en Angleterre, les routes avaient déjà des ornières (traces bien définies dans le sol) espacées de cette façon et un espacement différent aurait causé la rupture de l'essieu du chariot en circulant sur ces routes.

 

Et pourquoi ces routes présentaient-elles des ornières ainsi espacées ?

 

En fait, les premières grandes routes en Europe ont été construites par l'empire romain pour accélérer le déploiement des légions romaines. Et les romains ont retenu cette espacement parce que les premiers chariots étaient des chariots de guerre romains. Ils étaient tirés par deux chevaux. Ces chevaux galopaient côte à côte et devaient être suffisamment espacés pour ne pas se gêner. Afin d'assurer une meilleure stabilité du chariot, les roues ne devaient pas se trouver dans la continuité des empreintes de sabots laissées par les chevaux, et ne pas non plus se trouver trop espacées et dépasser de chaque côté du  chariot, ce qui aurait pu causer un accident lors du croisement de deux chariots.

 

Ainsi donc, l'espacement des rails au Canada (4 pieds et 8 pouces1/2) s'explique par le fait que, 2000 ans auparavant, sur un autre continent, les chariots romains étaient construits en fonction de la dimension de l'arrière-train moyen des chevaux de guerre !

 

Et quand nous regardons la navette spatiale américaine sur sa plate-forme de lancement, nous pouvons remarquer les deux réservoirs additionnels attachés au réservoir principal. La société qui fabrique ces réservoirs est située dans l'UTAH.

Les ingénieurs qui les ont conçus auraient aimé les faire un peu plus larges, mais ces réservoirs devaient être expédiés par train jusqu'au site de lancement. La ligne de chemin de fer entre l'usine et Cap Canaveral emprunte un tunnel sous les montagnes Rocheuses. Les réservoirs additionnels devaient pouvoir passer dans ce tunnel. Le tunnel est légèrement plus large que la voie de chemin de fer, et la voie de chemin de fer est à peu près aussi large que deux arrière-trains de chevaux ....

 

Conclusion :

 

Lors de la construction de la navette spatiale américaine, que l'on peut considérer comme le moyen de transport le plus sophistiqué de notre planète, les ingénieurs devaient respecter la contrainte d'une conception vieille de 2000 ans, qui était la largeur de l'arrière-train de deux chevaux côte à côte … 

 

Le passé éclaire le présent, comme l'avenir écrit le passé …

Jusqu'où peut aller une 

décision prise 

sous la contrainte ?

Le temps s'apprend

Facebook est-il un réseau social parmi les autres ? N’est-il qu’un site web d’affinités qui regroupe des internautes souhaitant faire partie d’une communauté, au même titre que LinkedIn pour la communauté professionnelle, que Myspace pour les fans de musique, ou que Flick’r pour les fans de photos ?

 

L’ampleur du phénomène Facebook interroge au-delà … Facebook est un réseau d’affinités, et qui dit affinités dit volumes …. Facebook, c’est 850 millions d’inscrits dans le monde (et près d’un milliard prévu en 2012). En nombre d’inscrits, la France est en 9ème position. Si Facebook était un pays, il serait le 3é pays le plus peuplé au monde après la Chine et l’Inde et avant les EU.

 

            Comment un tel succès ? :

par la puissance de l’alliance entre le marketing et la technique 2.0

 

1 être sur FB, c’est être « tendance », c’est appartenir à son époque, ce qui est un gage de jeunesse ! Il y a tous les âges sur Facebook dès (en théorie) 13 ans (la réalité démarre avant 9 ans). Une telle tendance que si tu veux te distinguer, ne sois pas sur faces de boucs !

Mais cette raison « tendance » ne suffit pas. Le Minitel n’a pas percé en son temps. Facebook a attiré par d’autres atouts que la « modernité ».

 

2 être sur FB, c’est quasiment tout pouvoir faire : retrouver des connaissances perdues de vue, s’en faire de nouvelles, chatter, envoyer des mails, partager des photos, des vidéos, des liens, des sites, … rédiger des articles, commenter à loisir comme sur un blog, gérer des événements et des calendriers, sauver la vie de gens en danger, faire de la publicité, répandre des idées et des valeurs, se rapprocher autour de goûts et d’intérêts communs, jouer en réseau, construire des villes, ….

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Le génial de Facebook est là, c’est son efficacité. Copains d’Avant, sur le mode « mélancolie », n’a pas percé. Facebook, c’est « tout (ce que peut offrir la toile) en un », sans être limité ni par les outils ni par les horaires ni par sa géographie ni par son voisinage.

 

Mais comment construire un modèle économique rentable ?

 

3 être sur FB, c’est gratuit : à l’instar de Google, le modèle économique de Facebook repose sur la cession des données personnelles aux publicitaires par le traçage des cookies. 

 

Et plus l’on peut faire de choses sur Facebook, plus nombreuses sont ces données … Autrement dit, c’est la parfaite stratégie de volume : plus il y a d’utilisateurs et de contenus, plus rentable c’est. C’est la puissance du 2.0 : les utilisateurs sont les éditeurs des contenus. Et la cession de leurs données personnelles paraît (pour l’instant) modique à côté des fonctionnalités de ce web. 

 

Mais Facebook n’est pas le seul outil 2.0. On connaît l’essor des blogs, mais rien à la mesure de Facebook. Encore fallait-il rendre accessible à tous et facile pour tous le partage de ses données personnelles.

 

4 être sur FB, c’est facile : les utilisateurs n’ont pas besoin d’être des Geek, les interfaces sont si intuitives que la simplicité précède l’expérience. Vous n’avez pas commencé que c’est déjà facile ! Et plus on avance dans les fonctionnalités offertes, plus cela reste simple. Finalement, c’est le process rigoureusement juste inverse à celui de l’expertise ! L’expert est celui qui, plus il approfondit, plus il s’isole en connaissance et s’éloigne des gens. Sur Facebook, plus tu utilises, plus tu en sais autant que les autres et plus tu as de connaissances.

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 A ce stade, dire que Facebook est un puissant produit marketing sachant tirant profit des possibilités du 2.0 ne nous renseigne pas spécifiquement sur les convictions qui seront portées par le nouveau paradigme.

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Car Facebook prend du temps … Alors, qu’est-ce qui pousse à l’alimenter ?

 

            Pourquoi un tel succès ? : parce que FB est une extension de la vie réelle qui sait répondre en même temps aux besoins de sécurisation, de collectif et d’individuation : le partage réel et réciproque (au sens tribal du terme) active le plaisir et prouve la solidarité.

 

1 FB n’est pas un réseau virtuel, mais est une extension de la vie réelle :

Facebook est people centric : la règle du système, c’est la vérité de son identité et la transparence de ses goûts en temps réel.

 

La vérité - On ne crée pas son compte comme sur les forums avec des avatars et des pseudos, et si l’on ment sur son état civil, la seule solution est la suppression du compte. Il y a d’ailleurs une plateforme prévue à cet effet (et plus précisément pour protéger les enfants qui ouvrent des comptes avant leurs 13 ans).

D’aucuns objecteront qu’il est tout-à-fait possible de se créer plusieurs profils, avec moult pseudos. Oui, cela est techniquement possible car Facebook n’est pas un web policier (ouf !). Mais ce n’est pas parce que des gens ne mettent pas leur ceinture de sécurité ou doublent dans les files d’attente que nous vivons dans une société sans foi ni loi. Les actes isolés ne sont pas un signe des temps, c’est le fond de délinquance qui accompagne une société normée.

 

La transparence en temps réel – on partage du contenu personnel, on commente et on « like » celui des autres. Liker, c’est afficher, spontanément, ses goûts et ses idées. Pourtant l’un des signes distinctifs de Facebook, ce n’est que la retranscription sur le net des badges et pins d’antan.

 

Du décalage générationnel dans la conception du Monde …

Il est intéressant de noter que cette transparence et cette vérité sont les principaux éléments qui surprennent, pour ne pas dire font peur aux non-utilisateurs et détracteurs de Facebook … pour être en sécurité, vivons cachés … on ne partage pas son intimité quand on est bien élevé … toutes ces informations sur internet, c’est dangereux, on est surveillés ….

J’ai même entendu « en un clic vous êtes en lien avec quelqu’un au Japon, vous vous rendez compte du danger ? » Serge Tisseron (1) a répondu « Madame, les dangers réels qui guettent les enfants sont dans la famille, dans les couloirs de l’école, dans leur proximité. Ne faites pas croire à vos enfants que le danger, c’est l’Etranger … »

"Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire." George Orwell (repris par les Indignés).

 

2 FB n’est pas un réseau de liens forts, mais un réseau de liens « faibles », « élastiques » : 

 

Les liens - Nous tissons tous des liens forts et faibles. Nous appelons même cela des cercles. Avec notre premier cercle, la famille au sens strict ou non, nous tissons nos liens forts. Et nous tissons nos liens élastiques, dits « faibles », avec les autres cercles. Ceux-ci sont d’ailleurs mouvants au gré des contextes. Ils se créent grâce à une grande proximité sans qu’il soit nécessaire de se connaître vraiment sur la base de relations communes et/ou de centres d’intérêt partagés. Facebook s’inscrit dans cette logique et est parfaitement conçu pour ça :  Facebook est une plateforme de tissage de liens « élastiques ».

 

Les amis - Sur Facebook, ces liens s’appellent des Amis. « Ami » reste la traduction du mot anglais Friend qui est plus large qu’en français : cela peut être un ami, cela peut être tout simplement une relation proche.

Sur Facebook, on classe ses amis en listes : ces groupes d’audience (qui ne sont rien d’autres que des cercles …) permettent de partager ses contenus de façon différenciée, car tout ne se partage pas avec le même intérêt. Ce n’est pas tout ou rien, ni tout le monde ou personne.

 

La socialisation - Facebook est, à ce titre, une véritable plateforme de formation des jeunes à ce que signifie des liens élastiques activables. L’étendue de son réseau sur la toile est en effet une indication de la socialisation de la personne. Il y a une cohérence dans la capacité à se faire un réseau, qu’il soit dans la réalité ou sur le web. Le seul réseau virtuel n’existe pas, les gens qui ne rencontrent personne dans leur vie n’ont pas plein de relations derrière leur écran. La toile est à la socialisation ce que la cour de récréation est à l’école ce que les pots sont aux entreprises ce que les cocktails sont au business ce que les dimanches étaient aux familles ce que le barbecue est au neighborhood américain : du lien et de l’information simultanés.

 

Si nous sommes le plus souvent capables de créer ces liens élastiques, la façon de les faire vivre est essentielle. Un lien dont on ne prend pas soin sera un lien non activable, un lien activé qu’en cas de coup dur rompt l’élastique. Il n’y a qu’un pas pour oser dire que l’entreprise doit compter avec ce besoin prégnant de socialisation de cette jeunesse, une socialisation gratifiante, transparente, et solidaire. 

 « Ce n'est pas la richesse qui manque dans le monde, c'est le partage » Proverbe chinois (repris par les Indignés)

 

3 FB est un collectif réciproque de plaisir et de solidarité :

 

La réciprocité du plaisir - Les liens élastiques reposent sur les échanges futiles, légers. Et ils activent les circuits du plaisir. (1) Serge Tisseron nous explique que ces liens s’apparentent à l’épouillage chez les singes. L’épouillage est un échange de biens et services, consciencieux et mutuel.

Ces liens s’apparentent aussi à ce que les neurobiologistes et les psy constatent chez les couples qui durent. (2) Il y a un lien entre la pérennité d’un couple et la qualité de sa relation intime. Ce n’est ni la variété ni la nouveauté qui assurent la pérennité du désir, mais la qualité des échanges dans la relation intime. Cette qualité repose sur le vrai plaisir éprouvé au quotidien à partager des papouilles, des discussions, des projets et des activités. « Sur le plan neurobiologique, on peut définir l’état de désir comme l’attente positive d’une gratification. Cette attente active dans notre cerveau la production d’enképhalines qui favorisent le sentiment de bien-être en réduisant les sensations désagréables dans le corps. Celles-ci permettent la libération massive de dopamine (hormones du plaisir) le jour de la récompense. » A contrario, une relation pauvre en échanges produit moins d’enképhalines, le désir est inexistant, et la gratification ne produit pas de dopamine …

 

Le désir, la botte secrète de la motivation - Il faut donc du plaisir avant le désir ... Désirer c’est activer les circuits du plaisir. Le désir est l’envie de reproduire une expérience gratifiante. Facebook n’est pas que gai et ludique, il permet le désir en activant les circuits du plaisir par un système de gratifications. Sur Facebook, les liens sont nourris des cadeaux virtuels. Les cadeaux sont au-delà de ce que l’on partage. On s’offre des choses. Il y a même des jeux où vous ne pouvez gagner que si vous offrez et recevez des cadeaux de votre communauté (Cityville par exemple). C’est la qualité des échanges qui permet aux gratifications d’être vécues comme de véritables récompenses. Le désir est en marche … ce fameux moteur de motivation et d’implication dont rêvent les « vieux » patrons pour leurs « jeunes » salariés …

 

La solidarité - Ces liens très efficaces et activables sont très importants en cas de problèmes ou de conflits.

(1) Serge Tisseron nous dit qu’il a été constaté une gestion du conflit différente selon si la communauté s’épouille ou non. Quand une communauté s’épouille, c’est le groupe qui règle le conflit, et de façon plus modérée. Quand elle ne s’épouille pas, ce sont les individualités qui s’expriment, et le conflit est moins bien géré.

Et comme chez les singes qui s’épouillent, les couples qui ont cette communication gratifiante dans la relation gèrent aussi mieux les conflits, car ils ne s’y dévalorisent pas.

Sur Facebook, la communauté virtuelle peut devenir réelle, c’est cette sécurisation des jeunes qui les rend mobiles. Sur Facebook, on se passe le mot …, il y a une responsabilité inhérente à la communauté sur ses membres : Alerte Enlèvement, prévention du suicide, harcèlement à l’école et cyber-harcèlement (injures, claques, racket, …), plateforme pour les mineurs qu’ils puissent parler et trouver des interlocuteurs en cas de difficulté à vivre.

 

Facebook incarne l’accroissement des échanges entre les individus. Ces modifications du rapport à l’autre donnent de sérieuses indications sur ce qui est rejeté de la société actuelle : individualisme égoïste, solitude, ruptures familiales, anonymat des villes, pour renouer avec des valeurs qui prônent respect de la personne, sécurisation collective, réciprocité communautaire. 

Car ce qui est rejeté n’est pas La société, mais une façon d’être et de vivre dans cette société. Il n’y a qu’un pas pour oser dire que l’entreprise peut avoir intérêt à revisiter la nature des échanges entre ses services et entre ses collaborateurs. 

« Celles et ceux qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir « Albert Einstein (repris par les Indignés)

 

 

      Rapide focus en matière d’éducation : 

parents, lâchez !, FB fait partie du processus d’individuation de la jeunesse

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L’intimité – (1) Serge Tisseron nous dit que Facebook est la coexistence de tous les « soi », tout ce que l’on fait et dit y est repris, ce sont les facettes négatives et positives de nos coexistences, notre image nous échappe.

Et c’est une bonne chose, car c’est le pari de l’adolescent, celui de se découvrir par le regard des autres, en mettant du Soi sur le net, le risque étant bien sûr une intimité trop présente.

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Recommandations : pas de télé avant 3 ans, pas de console avant 6, pas d’internet avant 9, et de manière accompagnée jusqu’à 12 ans. Avant 13 ans, on ne comprend pas que Facebook est un échange de centres d’intérêt, alors les enfants offrent leur intimité. Et après 14 ans, ils mettent du contenu, parfois intime, pour se créer leur communauté. L’intimité sur Facebook est la 1ère étape avant son rattachement à une communauté.

 

Parents amis avec leurs enfants – (1) Serge Tisseron nous rappelle que « Grandir, c’est se faire son monde ». Dans le virtuel, on quitte ses parents. Les enfants grandissent entre eux, les parents discutent entre eux. Facebook a réintroduit le terrain vague de la Guerre des Boutons ! Et on se débrouille sans ses parents dans les terrains vagues … Facebook c’est la fin du rêve des parents de contrôler et de guider leurs enfants. . Il n’y a qu’un pas pour oser dire que c’est la fin du rêve de l’entreprise de contrôler et d’inféoder ses salariés.

 

            Conclusion:

Les nouvelles technologies en général et Facebook en particulier stigmatisent utilement des décalages générationnels.

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            On constate une modification des relations aux autres en offrant la possibilité d’y retrouver ce que la société actuelle a lissé au cours du temps (élan collectif, sécurisation par le groupe, communauté familiale, partage dans le plaisir, danger dans la proximité, ouverture aux gens de part le monde, découvrir la réalité de la vie dans les terrains vagues loin de la surveillance des anciens).

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            On constate également une modification du rapport au savoir et aux apprentissages. La connaissance se démocratise, l’apprentissage, plus intuitif, est facilité. Beaucoup de temps et d’énergie sont prioritairement investis dans la socialisation gratifiante issue du partage.

 

 Alexandra Cagol, février 2012

 

Sources inspirantes

(1) Conférence janvier 2012 avec Serge Tisseron « Facebook et les jeunes »

Serge Tisseron, psychanalyste et psychiatre pour enfant, directeur de recherche à Paris X, expert sur les conséquences des nouvelles technologies, est réputé pour ses études portant sur les relations jeunes-médias-images-internet. Il estime que l’usage du net présente des spécificités permettant aux jeunes d’en tirer parti pour leur épanouissement..

(2) Psychologies n°315 février 2012 « Partager le plaisir »

Paysage digital
Décision
Coaching
Violence ordinaire

Jusqu'où peut aller une 

décision prise 

sous la contrainte ?

Vous avez dit Coaching ?

Anonyme :

"Qu'est-ce que c'est le Coaching ?"

 

Coach :

"C'est une béquille qui écoute et qui parle."

 

Anonyme :

"Alors ce n'est que pour les boiteux ?"

 

Coach :

"Non, c'est pour les boiteux qui veulent marcher droit."

 

Anonyme :

"Je ne comprends pas la différence entre un boiteux qui boite et un boiteux qui veut marcher droit."

 

Coach :

"Tu as sûrement déjà vu un handicapé moteur dans une chaise roulante ?"

​

Anonyme :

"Oh oui. Et là, y'a pas de béquille qui puisse marcher, si je puis dire."

​

Coach :

"En effet. Et as-tu déjà vu ce même handicapé accroché à un déambulateur ? Tu sais, ce caddie à 4 roues et à 2 poignées?"

 

Anonyme :

"Je ne comprends pas où tu veux en venir."

 

Coach :

"Quand tu croises un individu qui boite, qui se déhanche aussi mécaniquement qu'étrangement quand il marche, tu ne peux pas savoir s'il a gagné sa mobilité à force d'exercices périlleux accroché à son déambulateur, ou si au contraire il a perdu de son ancienne mobilité."

​

Anonyme :

"Ok : celui qui regarde le boiteux va trouver qu'il boite. C'est un fait, uniquement un fait. Mais ce n'est pas une information sur ses besoins actuels."

 

Coach :

"C'est cela. Seul celui qui boite sait s'il boite moins ou plus qu'avant, s'il marche mieux et s'il est content, ou s'il marche moins bien et qu'il en est malheureux."

 

Anonyme :

"Es-tu en train de me dire que j'ai sûrement rencontré des gens qui, selon moi, boitaient, alors que pour eux, ils marchaient le plus droit et le plus debout possible, et qu'ils en étaient satisfaits ?"

​

Coach :

"C'est exactement cela. Le coaching est une béquille, elle n'est pas la jambe ni le cerveau. Et chacun a sa bonne raison de s'aider d'une béquille ou non, et pendant le temps qui lui est nécessaire."

 

Anonyme :

"Et quand on ne sait pas ce qu'on veut, quel genre de boiteux sommes-nous ?

 

Coach :

"Un boiteux qui s'ignore."

​

Anonyme :

"C'est grave ?"

​

Coach :

"Non, ce n'est pas grave. C'est même courant. Et j'imagine que c'est bizarrement inconfortable. C'est un peu comme si, continuellement préoccupé par sa démarche boiteuse, on veillait à feindre de l'ignorer le plus possible en se répétant sans cesse que de toute façon l'on n'a pas envie de courir. Mais si on pouvait … quelle course nous ferions !"

​

Anonyme :

"Je te le confirme. Je me sens bancal."

 

Coach :

"Es-tu parfois obtus sur tes motivations, catégorique sur tes idées, et finalement misérable avec toi-même ?"

​

Anonyme :

"J'oscille comme un métronome, de droite à gauche. Il y a les moments où, pourtant boiteux, je ne crains pas de conseiller le marathonien. Et il y a les autres moments où, redevenu seul, je suis comme immobile de tristesse et d'ennui."

 

Coach :

"Puis-je te rassurer en te disant que dans ces deux moments très différents, tu veux, je dis bien tu veux, chaque fois ton bien ?".

 

Anonyme :

Silence …

​

Coach :

"Tu viens, le temps d'un instant, de reprendre contact avec toi. Reconnais ce moment, il t'indique le chemin de ce que tu veux."

​

Anonyme :

"J'ai peur. Je ne suis pas habitué. C'est comme me jeter dans le vide sans rien pour me tenir."

​

Coach :

"Besoin d'une béquille ?"

 

Anonyme :

"Oui, j'ai besoin d'une béquille, car je veux retrouver cet instant où j'ai senti quelque chose de fort en moi. Je veux voir, je veux entendre, je veux nommer, je veux connaître. Je veux savoir ce qui me pousse comme ce qui me guide. Je veux reprendre le contact avec moi."

​

Coach :

"Cela tombe bien. Je suis là pour ça."

 

 

Alexandra Cagol, juin 2009

Ancre 1
La violence ordinaire, ennemie de l'apprenante

Des idées reçues qui ont la peau dure

Parce que nombreux sont les adultes à "s'être remis" des fessées, des cris, des punitions, et de tout ce qui constitue ce que l'on appelle communément "le (mauvais) stress", ils sont encore nombreux à perpétuer ces comportements avec leurs enfants à la maison, leurs élèves à l'école, leurs salariés au bureau … Et si cette façon de perpétuer cette violence ordinaire était plutôt la preuve qu'ils ne s'en étaient pas remis … L'entreprise connaît le coût exorbitant de la violence ordinaire : arrêts maladies, maux de dos, crises de nerfs, suicides, alcoolisme, tabagisme, obésité, crises cardiaques, …. Voilà, disons-le clairement, le stress use le capital confiance comme la maladie use le capital santé. Comme être malade ne développe pas ses défenses immunitaires, être stressé n'améliore pas sa performance, mais la réduit.

 

Si c'est si évident, pourquoi l'autorité disciplinaire et le stress sont-ils si répandus ?

Habitués à subir cela, puis habitués à le faire subir …, ces comportements offrent à l'agresseur l'argument-parade à son inefficacité "ce n'est pas faute de l'avoir dit, puni, fessé, rétrogradé, insulté, humilié …". Sous-entendu, le mauvais résultat obtenu n'est pas de ma responsabilité puisque j'ai exercé l'autorité nécessaire, mais bien celle de l'individu, qui n'a pas obéi, fait, réagi … Mais voilà, ce n'est pas l'individu qui apprend, c'est son cerveau. Et quand notre cerveau reçoit un message de stress, il pense à notre survie, avant de penser à notre apprentissage. Notre cerveau nous sauve la vie !

 

Le fonctionnement cérébral de l'apprentissage

Notre cerveau est un immeuble à trois étages, emboîté au-dessus du tronc cérébral juste après la moelle épinière.

Quand une nouvelle expérience comme un nouveau savoir frappent à la porte de l'immeuble de notre cerveau, cet inconnu doit passer un test à chaque étage, sinon il ne rentre pas …

 

Au premier étage, dit "reptilien", il y a le gardien de l'immeuble.

C'est un gardien au cerveau âgé de 500 millions d'années. Il ne parle pas. Il regarde, il entend, il sent. Il ne réfléchit pas, au moindre danger, il ferme brutalement et rapidement la porte. Pour être autorisé à entrer, l'inconnu doit être gentil et poli, il doit sourire, et offrir sa confiance. Alors le gardien ouvre le 2ème étage ….

Au deuxième étage, dit "limbique", il y a deux biochimistes fêtards, M. Cotillon et Mme Confetti.

Leur cerveau est âgé de 300 à 200 millions d'années. Depuis le temps, ils connaissent leurs affaires. Mais ils ne parlent pas non plus. Ils ressentent à ce qu'ils voient et entendent. Et ils ont une mémoire incroyable. Ils se souviennent de toutes leurs formules chimiques.

Au moindre stress, à la moindre distraction, si tout est inconnu, s'ils ne sont pas concentrés, ils savent qu'ils doivent te chasser de la fête, et ils te renvoient au premier étage (où le gardien se chargera de te sortir de l'immeuble !). Mais si l'inconnu leur suscite du plaisir et de la curiosité, si l'inconnu leur rappelle qu'ils le connaissent un peu, alors ils se souviennent. Et comme c'est agréable, les biochimistes produisent alors les hormones du plaisir (les endorphines) qui agissent comme une clé (neurotransmetteurs) ouvrant en grand le 3ème étage ….

Au troisième étage, dit "cortex", l'inconnu entre dans l'immense hangar de tout ce que tu sais déjà …

et il y en a des trucs, les expériences, les souvenirs, les savoirs, les leçons, les croyances … et tout est rangé car ici on pense, on réfléchit, on raisonne, on range

et on se souvient plus ou moins bien du rangement … il y a tellement de choses … en vérité, on apprend par étapes, par couches, par tiroirs …

 

Les étapes de l'apprentissage

Ce n'est pas confortable de chercher l'information et de se tromper de placard. Cela inquiète ou énerve le gardien, cela affole les biochimistes, et cela dérange les penseurs. Le mieux est de prendre le temps d'aller d'un étage à l'autre avec son inconnu qui peu à peu se fait connaître et qui peu à peu va connaître les lieux. C'est comme quand on visite une maison qu'on rêve d'habiter. On sourit en entrant et on entre avec précautions. A la première visite, on ne s'y retrouve pas bien. A la seconde, on se souvient de la première fois et on s'y retrouve mieux. Jusqu'au jour où on peut s'y promener les yeux fermés ! On la connaît tellement bien qu'elle devient petite. Et on part en visiter une nouvelle … Apprendre des choses, c'est visiter une nouvelle maison.

 

A quoi cela sert-il de comprendre cela ?

A quoi cela sert-il d'installer la sécurité d'abord, puis de susciter du plaisir à l'individu ? Et pourquoi est-ce la mission de l'éducateur qui emmène l'enfant vers son avenir ? L'enfant qui sait qu'il peut apprendre s'adaptera à son monde. Celui qui ne le sait pas pourra subir le monde en ayant de grandes difficultés pour appréhender les changements, pour accueillir l'inconnu. En effet, dans ses souvenirs, l'inconnu est source de douleur, d'humiliations, de cris, … Donc il l'évite, pour se préserver.

Installer la sécurité d'abord, puis susciter du plaisir donne à l'individu l'accès à ses capacités de mémoire et d'apprentissage.

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Alexandra Cagol, janvier 2010

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